Académie des Sciences, Agriculture,
Arts et Belles Lettres d'Aix-en-Provence
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L'ÉLOGE DE LA VERTU
Vous pouvez choisir de lire le discours de l'année qui vous intéresse
en cliquant sur la ligne présentant ce discours
Eloge de la VERTU 2009 " Les justes parmi les nations" - Michel Horassius
Eloge de la VERTU 2010 " Itinéraire médiéval vers la vertu conjugale " - Charles de la Roncière
Eloge de la VERTU 2011 " Un modèle : Nicolas Claude Fabri de Peiresc " - Jacques Lafon
Eloge de la VERTU 2012 " Vertu et politique " - Louis Dubouis
Eloge de la VERTU 2013 " Éloge de la Vertu " - Bernard Mille
Eloge de la VERTU 2014 " Éloge de la Vertu " - Jean-Jacques Lecomte
Eloge de la VERTU 2015 " Éloge de la Vertu " - Dominique Mautin
Eloge de la VERTU 2016 " Éloge de la Vertu " - Marie-Clotilde Escalle
Eloge de la VERTU 2017 " Vertu et économie " - Jean-Pierre Centi
Chaque année l’Académie décerne un prix de vertu
qui distingue des actions humanitaires
Le discours prononcé par un membre de l’Académie
à l’occasion de la remise de ce prix,
au château de Lourmarin,
est un moment fort de la vie de l’Académie
La donation Irma Moreau et le prix de vertu
Maurice Gontard
EN SÉANCE du 24 janvier 1899, l’Académie était informée qu’une rentière aixoise, Irma Moreau, domiciliée 8, boulevard de la République, et décédée le 17 janvier avait, par testament reçu par Me Mouravit , notaire, membre et trésorier de l’Académie, institué celle-ci comme légataire universelle.
Irma Moreau appartenait à une famille d’industriels de Mazamet, dans le Tarn, où elle était née. Son père mourut alors qu’elle était très jeune ; elle restait avec sa mère et un frère. Ils ne purent continuer l’industrie paternelle et partirent en Algérie où ils firent valoir une importante exploitation agricole. Le frère d’Irma Moreau fut tué pendant la guerre de 1870 ; sa mère ne lui survécut guère. Irma restée seule se retira bientôt à Aix où elle vécut dans la religion du souvenir et l’aide aux malheureux.
Ses biens étaient considérables, estimés à 300.000 francs. Dans son testament, elle attribuait des legs particuliers et le reste de ses biens serait placé en rentes avec lesquelles l’Académie distribuerait des prix de vertu sous forme de pensions annuelles de 200 francs. Ces pensions seraient attribuées à deux sortes de bénéficiaires : des ouvriers, pères et mères de famille nécessiteux, exempts d’ivrognerie et autres vices et ayant au moins deux enfants ; des ouvrières pauvres, atteintes de maladie, d’infirmité ou de vieillesse les mettant dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins. À défaut d’acceptation du legs par l’Académie d’Aix, le bénéfice des dispositions irait à l’Académie française.
L’Académie demanda aussitôt au gouvernement l’autorisation d’accepter le legs…
[Dès lors, les dons se succédèrent, et les noms s’alignèrent sur la liste des bienfaiteurs : Mlle Dosne fonda le prix Thiers, puis ce furent Louise Rostan d’Abancourt et Henriette Rayon. La donation Pécoul leur succéda en précédant bien d’autres.]
… Cette cascade de dons et de legs marquait un tournant dans la vie et les activités de l’Académie. Comme le déclarait le Dr Aude (président de l’Académie à l’époque) « quelques académies locales ont leur prix de vertu ; mais il faut le dire à l’honneur de notre chère ville, c’est l’Académie d’Aix qui tient le record ».
Depuis la mort d’Irma Moreau et par respect pour son souvenir, l’Académie d’Aix remet chaque année, dans sa séance de clôture, un prix de vertu qui récompense, le plus souvent, une œuvre caritative de grande qualité. À cette occasion, un académicien, parmi les derniers élus, prononce un Éloge de la vertu, véritable morceau de bravoure, devenu tradition de l’éloquence académique.